L’objectif est de produire une tendance du coût de la rentrée pour les familles, à mettre en perspective avec les aides accordées aux familles les plus modestes.
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Le dossier repose sur une enquête déterminante pour le calcul du coût : le relevé de prix essentiellement fait par les familles de fin juin à fin juillet lors des achats pour la rentrée de septembre. A noter que de nombreuses familles font leurs achats et donc leurs relevés de prix seulement après avoir reçu l’Allocation de Rentrée Scolaire.
Ce dossier propose également des analyses sur les questions périphériques au coût, un regard sur les choix en matière de politiques éducatives et les revendications de La CSF pour les familles. Il ne pouvait pas passer à côté de la situation inédite que le monde a traversée sans en relever quelques impacts sur le pouvoir d’achat des familles.
Pour cette année exceptionnelle, La Confédération Syndicale des Familles via le dossier du « coût de la scolarité » a choisi de mettre en lumière les réalités financières et sociales des familles durant cette période : coût de l’alimentation, du matériel numérique et informatique, perte de salaire, réalités des étudiants, impact du confinement sur les achats de rentrée, réalités de l’enseignement pendant cette période complexe… Ces thématiques s’imposent tout au long du dossier.
LE CONFINEMENT
Afin de limiter l’épidémie, le confinement a duré deux mois et, entre la peur du virus et l’ennui parfois, les familles ont géré leur quotidien, la scolarité des enfants… Durant cette période, les inégalités se sont encore renforcées.
Les inégalités scolaires : entre les parents qui pouvaient poursuivre l’accompagnement pédagogique et scolaire auprès de leurs enfants et ceux qui ne pouvaient pas, entre ceux qui étaient munis de matériel informatique et d’autres non.
Les inégalités économiques : certains parents se sont retrouvés en activité partiel (2,2 millions de français) et d’autres au chômage, ce qui a fortement impacté les réalités matérielles et psychologiques des familles. Sur l’ensemble des salariés interrogés 38,5 % des salariés ont subi une perte de salaire va‐ riant de 100 à 400 € par mois.
Une mère de famille salariée : « La combinaison télétravail / école à la maison est très compliquée, elle oblige à étaler le télétravail sur des périodes où les enfants ne nous sollicitent pas pour leur travail scolaire. Les journées étaient donc longues… J’ai aussi remarqué que malgré mon niveau scolaire (bac+5), faire l’école à la maison n’a rien de simple. Les rapports avec les enfants en étaient impactés parfois négativement car tout le monde finit par perdre patience. J’imagine donc aisément à quel point ceux qui en plus étaient démunis en terme de niveau scolaire ont dû en souffrir…. »
Une enseignante : « D’autre part, un nombre conséquent d’élèves, déjà absentéistes ou peu enclins à travailler en classe se sont retrouvés livrés à eux mêmes sans réel contrôle ou appui et se sont donc rapidement trouvés en situation de décrochage scolaire (enseignante). »
Le numérique encore plus présent
La crise du coronavirus est venue fortement accentuer une logique déjà à l’œuvre depuis quelques années : la place de plus en plus importante du numérique dans la scolarité des enfants. En effet, dès la sixième, il devient difficile pour un enfant d’effectuer certains travaux (exposés et devoirs maison) sans un minimum d’équipement numérique : ordinateur, tablette, connexion internet, imprimante.
Le numérique a plus que jamais été nécessaire à la « télé‐école » lors de la période de confinement. Les témoignages d’enseignants sur cette période ont révélé que certains élèves avaient complètement décroché de l’école « à distance », faute d’équipements suffisants à la maison, faute d’encadrement… Au milieu de la 3ème semaine de confinement, le ministre de l’Education nationale a estimé qu’entre 5 et 8% des élèves avaient été « perdus », ce qui repré‐ sente environ 800 000 élèves. La fracture numérique et sociale s’est creusée plus que jamais. 60 % des participants à l’enquête déclarent avoir rencontré des difficultés dues au manque de moyens informatiques et numériques ainsi qu’au suivi du travail scolaire des enfants
Une enseignante : « Une deuxième question tout aussi évidente s’est alors posée, « Est ce que toutes les familles ont accès à mes documents ? aux petites vidéos ? et ont‐elles toutes la possibilité d’imprimer le travail à la maison … » J’ai alors appelé toutes les familles et globalement cela fonctionnait pour la plu‐ part, mais … j’ai compris, assez surprise j’avoue, qu’une famille allait au taxiphone d’habitude pour imprimer des documents, qu’une autre n’avait qu’un télé‐ phone et pas toujours un smartphone sur lequel elle aurait pu avoir accès aux mails, que certaines autres parlaient le français mais ne le lisaient pas… pas pratique pour lire les consignes écrites, et qu’une dernière ne parlait pas français du tout. Pour ces familles, la continuité pédagogique via le numérique était alors impossible … Certaines autres familles sont aussi tombées en panne d’encre ou n’avaient tout simplement pas d’imprimante … «
Il y a 33 ans, la CSF écrivait, dans son magazine « Nous » à la rubrique Éducation : « La calculatrice « quatre opérations » est une illustration « du poids de la publicité et des grandes manœuvres de la distribution… Comment les parents peuvent-ils refuser l’achat d’un instrument dont les performances devraient permettre à leurs enfants de bons résultats scolaires ? ».
Les décennies se suivent dans la même logique commerciale sans pour autant faire la preuve que la technologie évolutive contribue à améliorer les niveaux scolaires. En revanche elle contribue indubitablement à l’augmentation du coût de la rentrée scolaire !
La CSF, si elle ne s’oppose pas à la mise en œuvre du plan numérique, réclame qu’elle se fasse sans incidences budgétaires pour les familles
La CSF demande :
que les élèves et les enseignants soient dotés gratuitement en équipement numérique.
que les enseignants bénéficient d’une formation au numérique.
La CSF rappelle que le numérique est un outil parmi d’autres, mais que rien ne remplace l’interaction avec les adultes.
Des listes de fournitures qui repartent à la hausse
Anticipation d’une nouvelle séquence « école à la maison » dans la perspective de mieux accompagner les enfants ?
Investir l’école est rassurant pour les parents
L’atmosphère pessimiste et anxiogène incite les parents à davantage investir dans la scolarité de leurs enfants. Une traduction concrète est que les parents privilégient les fournitures de qualité plutôt que les premiers prix.
Les parents veulent faire plaisir à leurs enfants
Les parents soucieux d’« effacer » le mauvais souvenir du confinement ont été plus généreux que d’habitude en cédant sur l’achat des fournitures de marque
La CSF demande :
La gratuité pour les familles de la scolarité en maternelle.
Une vraie modulation de l’ARS.
Le versement de l’ARS à tous les lycéens pouvant y prétendre quel que soit leur âge.
LES TRANSPORTS SCOLAIRES
Le chemin est encore long vers la gratuité pour tous… et l’égalité sur tout le territoire
Habiter loin de l’établissement de référence n’est souvent pas un choix. La solidarité nationale doit s’appliquer aux transports scolaires. Aller à l’école doit être gratuit partout.
La gratuité doit devenir une obligation sur tout le territoire national, Métropole et Outre‐Mer, car, plus que jamais, il en va de l’avenir des jeunes de leur permettre d’accéder à l’éducation.
La CSF demande :
La gratuité absolue des transports scolaires partout car c’est un service public qui permet l’accès à l’éducation.
LA RESTAURATION SCOLAIRE
Partout en France les conseils municipaux décident des tarifs, des modalités d’inscription ou de la composition des menus. Le choix est à la fois financier et politique. Résultat : à conditions sociales égales, les tarifs peuvent être multi‐ pliés par six selon les villes !
La CSF demande :
Un service public de la restauration scolaire : l’accès à la restauration scolaire pour tous les enfants partout en France.
La généralisation à l’échelle nationale de la grille de tarification unique en fonction du quotient familial.
La mensualisation des paiements.
Plus d’informations aux familles quant aux dispositifs des caisses des écoles, du fonds social des collèges et des lycées.
LA SCOLARITÉ DES ENFANTS EN SITUATION DE HANDICAP
Depuis la publication de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire a presque triplé. De fait, à la rentrée 2017‐2018, 321 476 élèves en situation de handicap étaient scolarisés en milieu ordinaire alors qu’à la rentrée 2009‐2010, leur nombre était de 187 490 pour le milieu ordinaire. En revanche, le nombre d’élèves scolarisés en institut spécialisé stagne autour de 79 000.
Le nombre d’enfants en situation de handicap scolarisés tend à décroître avec l’avancée dans le cursus scolaire.
Malgré les efforts entrepris par les pouvoirs publics, le chemin est encore long avant d’atteindre l’école inclusive. De nombreux freins doivent être préalablement levés, dont la présence d’un accompagnateur pour l’élève.
Et malgré l’obligation d’être scolarisé au plus proche de chez lui, faute d’établissement en capacité de l’accueillir, l’enfant en situation de handicap est souvent obligé d’étudier dans une école plus éloignée, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres de chez lui. Cette situation a indubitablement des effets pénalisants sur la famille :
– une absence de liens de l’enfant avec d’autres enfants de son âge, dans son environnement résidentiel ;
– un temps de transport important qui accentue l’état de fatigabilité de l’enfant déjà important du fait du handicap ;
– une distance avec le corps enseignant et la vie de l’école pour les parents ;
– ’isolement du parent en charge de l’enfant et une charge mentale importante notamment quand il est séparé.
La CSF demande :
Que les procédures (élaboration du PPS), soient harmonisées afin de gommer les disparités territoriales existantes, en réduisant sérieusement les délais élevés de traitement des dossiers de certaines MDPH, en améliorant l’accompagnement des parents.
Que le gouvernement surpasse ses objectifs de création de postes AESH et d’ULIS pour répondre aux besoins.
Que plus de places en établissements spécialisés soient créées.
Que tous les professeurs puissent être formés aux questions de handicap afin que les enfants soufrant d’un trouble puissent être scolarités au plus près de chez eux.
LE COÛT DES TEMPS LIBRES DES ENFANTS
[en prenant en compte les activités extrascolaires et les activités en famille principalement]. Au total, 24 familles de 5 départements ont participé à cette enquête, les enfants et adolescents étaient de niveaux scolaires différents, du CP à la Terminale.
Pour les familles à petites ressources, le coût de l’activité prévaut sur le choix de l’activité.
Mais plus la famille est nombreuse et plus les difficultés sont présentes, et ce à plusieurs niveaux
Certaines familles précaires ne peuvent pas payer des activités extrascolaires à leurs enfants. Heureusement, les centres de loisir et les centres de quartier proposent des activités culturelles et sportives de qualité adaptées aux revenus des familles. Les municipalités font aussi beaucoup pour la participation sportive et culturelle des enfants en créant des services avec une participation au quotient familial.
Avoir une activité extrascolaire est extraordinaire à plus d’un titre.
L’activité extrascolaire peut devenir un terrain très riche d’échanges sociaux qui incluent la courtoisie, la bienveillance, le partage, le sens de la justice, le développement de l’esprit critique.
Dans la plupart des cas, elle enseigne à l’enfant aussi qu’il peut révéler et développer toutes ses compétences.
Globalement, les enfants et jeunes passent entre 40 minutes et 2 h 00 par jour aux activités diverses.